Initiation Mille marches

Sous le ciel d'Öropa, des choses étranges se passent.

Chacun est venu avec son secret, ses faiblesses ; il ne s'agit que de gens ordinaires, mais qui trouvent derrière la banalité des choses, une poésie et une légèreté que les friches industrielles de l'ancienne Bruxelles ne laissaient pas prévoir.

Voici les PJ employés, à titre divers, pour l'opération urbaine concernant le quartier de Nieuwe Poort : le pouvoir municipal, pour ne pas être dépassé par l'espèce d'Utopie qui se forme à Öropa, tente de donner un nouveau coup de jeune au quartier, mélange jusque là de terrains vagues, friches d'usines, et d'immeubles lépreux. Une nouvelle avenue doit être inaugurée, bordée d'immeubles bas et de commerces, et l'on a besoin à cette occasion de travailleurs sociaux qui aident les familles à se transférer de leurs anciens logements vers les nouveaux appartements neufs qui les attendent. Parmi ces travailleurs sociaux, les PJ. Le tout sous la direction du commissaire local Van Buetslingsloewen, qui accepte qu'on l'appelle Van B (par égard pour les dislexiques et ceux qui parlent mal le flamand).
Celui-ci ne s'occupe pas que de ce problème de relogement, alors on tente mine de rien d'obtenir aussi des infos sur les rumeurs qui courent, celle qui veut qu'on aurait vu un homme creuser la nuit dans le grand terrain vague qui borde le quartier au sud, et puis celle qui dit que les extrémistes du Vlaams Belang sont pas contents du tout du relogement des populations wallones, alors que les flamands continuent de croupir dans les vieilles constructions ; va-t-on avoir droit à une descente ?

Voici les PJ qui donnent de leur temps et de leur sueur, et avec cette neige de février qui encombre les rues, rien n'est simple. Rien ne doit être épargné, par exemple, le transport de cette immigrée russe Irina, mal en point physiquement, et qui demande sans arrêt une tisane spéciale à son amie slave valide et riante Ilona.
On ne laisse pas non plus de côté le fou du bloc 2, Walter Gropius, qui refuse d'ouvrir aux agents de la ville, qui dort manifestement toutes les lumières allumées chaque nuit ; une fois la porte enfoncée, on trouve un beau bordel dans son appartement ; et puis il doit flotter une sacrée dose de drogues dans l'air pour que l'un de nous ait eu l'impression qu'une porte s'ouvrait dans le mur de façade, vers une pièce emplie de brouillard où une baie vitrée laissait voir le quai d'une ville étrange dont le ciel s'encombrait de dirigeables ; on l'a d'ailleurs plus vu pendant quelques heures.
Alors que les préparatifs du carnaval sont de plus en plus proche, on ne va pas non plus laisser une sombre affaire de mort retarder les choses : mais aussi, que faisait cet obscur étudiant, Colaert, scotché à son ordinateur, des écouteurs sur les oreilles, qui retranscrivait les battements de coeur et les paroles affaiblies d'un corps congelé qu'il conservait dans son frigo ? On voit de ces choses de nos jours... En tout cas, les caméras qu'il avait installées dans le quartier montrent en permanence d'étranges radiations de chaleur dans le terrain vague, toujours lui...

Alors on ne se laisse pas dépasser par les expéditions nocturnes des blousons noirs du Vlaams, même quand ils prennent à parti une prostituée du quartier. Tiens d'ailleurs, pourquoi trainaît-elle dans la station de tram fantôme derrière les blocs ? On sait bien que la ligne urbaine n'a jamais été continuée jusqu'à Nieuwe Poort, rien ne passe ici, le fer ne peut qu'y pourrir. Pourtant, c'est là que le ferailleur du coin nous a dit qu'on pouvait trouver des renseignements... ah oui, dans la trame qui passe à midi pile. Bizarre, cette rame, d'ailleurs, un seul wagon, personne à l'intérieur,... ah, si ! un des Pj qui croit y avoir dialogué avec un occupant étrange, doté d'un masque d'Halloween. C'était vraiment un masque ?
On va aussi voir ce que c'est ces vagues de chaleur dans le terrain vague. Rien de particulier, sinon des vestiges du crash d'avion qui avait nécessité, il y a trente ans, la reconstruction des blocs qu'on déménage aujourd'hui. Bizarre d'ailleurs que les immeuble soient décrépis au bout de si peu de temps d'existence...
Surtout que c'est là, au coeur de ce quartier et des blocs qu'au soir du troisième jour, tout le monde semble se perdre petit à petit dans un brouillard rouge et âcre, tandis que la neige continue de tomber plus dru.

Et puis soudain, ce souffle chaud, ce bruit d'explosion, ces ombres qui courent (celles des gens qui participent au carnaval ?), et devant, à l'achèvement d'une grande traînée noire, cette carcasse, celle d'un ...avion (??), le feu, les cris, des gens qu'il faut manifestement sauver... Rejoue-t-on le souvenir de l'accident ? C'est dingue, les PJ se retrouvent, en vêtements d'un autre temps, à sortir des gens blessé de cet enfer qui fait grésiller les poils et rougir la peau.
On ne compte plus les corps, les heures,

Lorsqu'au matin, adossés à un mur, les PJ s'éveillent sous la poigne rude du ferailleur, le soleil est chaud sur la neige fondue ; où sont passés les blocs d'immeuble, seuls deux d'entre eux restent reconnaissable ; pour le reste, il ne leur semblait pas que les jardins ouvriers recouvraient une surface si grande, même là où il y avait des logements, ceux qu'ils ont aidé à vider, l'avant-veille.
Des personnes qui passent s'étonnent de les trouver là, endormis dehors, avec cette température, au matin. Bien sûr, on les reconnaît, on leur amène du thé chaud, vous pensez, ces deux là font partie des sauveteurs de l'accident d'avion, il y a trente ans de ça, c'est même eux qui avaient sorti des flammes le mari de la vieille Irina, elle qui n'a jamais oublié, et les invite toujours régulièrement chez elle...
Le commissaire Van B ? Oh, on ne l'a pas vu depuis un moment dans le quartier...

Ils posent de drôles de questions ces petits jeunes. C'est sans doute les rêves de la nuit qui les a perturbés, mais ils vont se remettre vite.
Allez, venez manger un coup...